lundi 11 janvier 2021

2021, l'année de Sinner

 

 

Jannik Sinner

19 ans/1m88/37e mondial (30/11/2020) /Italie

Rayon de soleil d’une année ternie par l’annulation de Wimbledon et d’un manque de soutien « physique » causé par la crise sanitaire, Jannik Sinner a changé de dimension en ce début de décennie. Elu révélation de l’année 2019 par le circuit ATP, le natif de San Candido a désormais le statut de sérieux outsider dans les tournois majeurs grâce à ses résultats en constante progression, un mental digne des joueurs les plus expérimentés, et un sang-froid glacial face à la crème du tennis mondial, lui qui s’est fait remarquer plus jeune dans des compétitons nationales de ski.

Sous la tutelle du réputé Riccardo Piatti (Ex-coach de Djokovic, Gasquet, Raonic ou encore Ivan Ljubicic), la jeune pépite italienne, classée à la 762e place mondiale en novembre 2018, connait une ascension fulgurante en 2019. Il se paye tout d’abord le scalp du 59e joueur mondial, l’américain Steve Johnson au Masters 1000 de Rome (1/6, 6/1,7/5), alors que c’était à l’époque son 3e match sur le circuit principal, puis se qualifie pour la phase finale de son 1er tournoi du grand chelem, où il sera éliminé non sans difficulté par un ancien vainqueur de Flushing Meadows, Stan Wawrinka, dans une opposition assez serrée (6/3, 7/6, 4/6, 6/3), synonyme d’espoir pour la suite de sa carrière. Au crépuscule de cette même année 2019, l’italien attire définitivement l’attention en remportant le tournoi « Next Gen », regroupant les étoiles de demain. Il fait preuve d’une facilité déconcertante tout au long du tournoi, en détruisant au passage « the demon » Alex de Minaur (4/2,4/1,4/2), déjà installé dans le top 20 (Sinner pointait à la 95e place mondiale). Avec ce titre, suivi d’une victoire au challenger de Ortisei la semaine suivante, le prodige italien se hisse à la 78e place mondiale, synonyme de progression aussi étincelante que brusque.

Attendu au tournant durant cette année 2020, « the fox » a su confirmer les espoirs posés sur ses épaules, en faisant même mieux, malgré une année où certains joueurs ont souffert du confinement printanier (Gaël Monfils, ou son homologue Fabio Fognini, pour ne citer qu’eux). Il vient à bout de son premier top 10, le belge David Goffin (7/6,7/5) à Rotterdam, avant d’éclipser en trois manches Stefanos Tsitsipas, chez lui à Rome (6/1,6/7,6/2), lui permettant d’atteindre un premier ¼ de finale en masters 1000, où il sera vaincu par la tête de série numéro 15, Grigor Dimitrov. Installé confortablement dans le top 100, et désormais craint par n’importe quel joueur, le transalpin frappe très fort une semaine plus tard, porte d’Auteuil, pour ses premiers pas sur la terre battue parisienne. Il atteint tout d’abord la deuxième semaine sans perdre le moindre set (avec un 6/0 au passage contre Goffin au 1er tour, s’il vous plaît !). En 1/8e, Sinner affronte le récent finaliste de L’Us Open, Alexander Zverev, dans une rencontre très attendue, et qui ne laissera aucun spectateur indifférent. Aussi à l’aise sur le Lenglen que sur les pistes de ski lombardes, l’italien, plus entreprenant, plus dominant, fait preuve d’une réussite insolente aussi bien en coup droit qu’en revers, au point de glaner sans réelles difficultés les deux premiers sets (6/3,6/3). L’allemand connait un regain de forme lui permettant de s’adjuger le 3e set, mais le renard, bien trop serein, clôt le match en 4 sets (6/3,6/3,4/6,6/3), pour s’offrir la plus belle victoire de sa jeune carrière. Après cette performance XXL, il s’octroie le droit d’affronter le propriétaire des lieux, le maître Rafael Nadal. Et c’est avec hargne et sans véritable pression que l’italien rentra sur le court ce jour-là, offrant aux fans de l’espagnol la plus belle opposition de sa quinzaine, avec deux premiers sets indécis jusqu’au bout (7/6, 6/4), avant que Sinner craque sous les coups de butoirs du numéro 2 mondial. À seulement 19 ans, il aura exhibé au monde de la petite balle jaune la large palette dont il dispose, dans le tournoi considéré comme le plus éreintant physiquement et mentalement. John McEnroe himself le décrit comme un « talent rare ». Cependant, à l’instar de Felix Auger-Aliassime (six finales perdues), l’italien ne compte aucun titre sur le circuit majeur, si l’on enlève le tournoi « Next Gen » à Milan. Cette imperfection sera gommée quelques semaines plus tard en Bulgarie, où il remporte le tournoi ATP 250 de Sofia, en battant en finale Vasek Pospisil, où tout s’est joué dans un dernier tie-break haletant (6/4,3/6,7/6), en véritable patron sur le court, face à un joueur âgé de 10 ans son ainé. Il devient par la même occasion le premier joueur né au XXIe siècle à remporter un titre ATP, et se propulse dans le top 40. Boom !

 

Prévision 2021 : Entrée dans le top 20 dans le top 15

L’entrée de Sinner dans le Top 15, au vu de ses récentes performances, est parfaitement envisageable. Adoubé par ses pairs, coqueluche des fans avec son style de jeu à mi-chemin entre le Joker et Zverev, il ne tient qu’à lui de réussir cette année. Son plan de jeu, sans fioriture, classique, et très efficace, à la manière d’un Kevin de Bruyne, fait l’unanimité. La marge de progression est présente, notamment au niveau physique. Une touche d’explosivité supplémentaire dans son jeu d’attaque pourrait également faire très mal à ses futurs adversaires. Attention tout de même au rythme effréné d’une saison ATP complète, car il a désormais la possibilité de jouer tous les tournois avec son nouveau classement, et les jeunes joueurs peuvent avoir tendance à surcharger leur calendrier, ce qui peut entraîner des blessures, voire une baisse des résultats. Rendez-vous pris !