Jannik Sinner
19
ans/1m88/37e mondial (30/11/2020) /Italie
Rayon de
soleil d’une année ternie par l’annulation de Wimbledon et d’un manque de
soutien « physique » causé par la crise sanitaire, Jannik Sinner a
changé de dimension en ce début de décennie. Elu révélation de l’année 2019 par
le circuit ATP, le natif de San Candido a désormais le statut de sérieux
outsider dans les tournois majeurs grâce à ses résultats en constante
progression, un mental digne des joueurs les plus expérimentés, et un
sang-froid glacial face à la crème du tennis mondial, lui qui s’est fait
remarquer plus jeune dans des compétitons nationales de ski.
Sous la
tutelle du réputé Riccardo Piatti (Ex-coach de Djokovic, Gasquet, Raonic ou
encore Ivan Ljubicic), la jeune pépite italienne, classée à la 762e
place mondiale en novembre 2018, connait une ascension fulgurante en 2019. Il
se paye tout d’abord le scalp du 59e joueur mondial, l’américain
Steve Johnson au Masters 1000 de Rome (1/6, 6/1,7/5), alors que c’était
à l’époque son 3e match sur le circuit principal, puis se qualifie
pour la phase finale de son 1er tournoi du grand chelem, où il sera
éliminé non sans difficulté par un ancien vainqueur de Flushing Meadows, Stan
Wawrinka, dans une opposition assez serrée (6/3, 7/6, 4/6, 6/3), synonyme
d’espoir pour la suite de sa carrière. Au crépuscule de cette même année 2019,
l’italien attire définitivement l’attention en remportant le tournoi
« Next Gen », regroupant les étoiles de demain. Il fait preuve d’une
facilité déconcertante tout au long du tournoi, en détruisant au passage
« the demon » Alex de Minaur (4/2,4/1,4/2), déjà installé dans le top
20 (Sinner pointait à la 95e place mondiale). Avec ce titre, suivi
d’une victoire au challenger de Ortisei la semaine suivante, le prodige italien
se hisse à la 78e place mondiale, synonyme de progression aussi
étincelante que brusque.
Attendu au
tournant durant cette année 2020, « the fox » a su confirmer les
espoirs posés sur ses épaules, en faisant même mieux, malgré une année où
certains joueurs ont souffert du confinement printanier (Gaël Monfils, ou son
homologue Fabio Fognini, pour ne citer qu’eux). Il vient à bout de son premier
top 10, le belge David Goffin (7/6,7/5) à Rotterdam, avant d’éclipser en trois
manches Stefanos Tsitsipas, chez lui à Rome (6/1,6/7,6/2), lui permettant
d’atteindre un premier ¼ de finale en masters 1000, où il sera vaincu par la
tête de série numéro 15, Grigor Dimitrov. Installé confortablement dans le top
100, et désormais craint par n’importe quel joueur, le transalpin frappe très
fort une semaine plus tard, porte d’Auteuil, pour ses premiers pas sur la terre
battue parisienne. Il atteint tout d’abord la deuxième semaine sans perdre le
moindre set (avec un 6/0 au passage contre Goffin au 1er tour, s’il
vous plaît !). En 1/8e, Sinner affronte le récent finaliste de L’Us
Open, Alexander Zverev, dans une rencontre très attendue, et qui ne laissera
aucun spectateur indifférent. Aussi à l’aise sur le Lenglen que sur les pistes
de ski lombardes, l’italien, plus entreprenant, plus dominant, fait preuve
d’une réussite insolente aussi bien en coup droit qu’en revers, au point de
glaner sans réelles difficultés les deux premiers sets (6/3,6/3). L’allemand
connait un regain de forme lui permettant de s’adjuger le 3e set,
mais le renard, bien trop serein, clôt le match en 4 sets (6/3,6/3,4/6,6/3),
pour s’offrir la plus belle victoire de sa jeune carrière. Après cette
performance XXL, il s’octroie le droit d’affronter le propriétaire des lieux,
le maître Rafael Nadal. Et c’est avec hargne et sans véritable pression que
l’italien rentra sur le court ce jour-là, offrant aux fans de l’espagnol la
plus belle opposition de sa quinzaine, avec deux premiers sets indécis jusqu’au
bout (7/6, 6/4), avant que Sinner craque sous les coups de butoirs du numéro 2
mondial. À seulement 19 ans, il aura exhibé au monde de la petite balle jaune
la large palette dont il dispose, dans le tournoi considéré comme le plus
éreintant physiquement et mentalement. John McEnroe himself le décrit
comme un « talent rare ». Cependant, à l’instar de Felix
Auger-Aliassime (six finales perdues), l’italien ne compte aucun titre sur le
circuit majeur, si l’on enlève le tournoi « Next Gen » à Milan. Cette
imperfection sera gommée quelques semaines plus tard en Bulgarie, où il remporte
le tournoi ATP 250 de Sofia, en battant en finale Vasek Pospisil, où tout s’est
joué dans un dernier tie-break haletant (6/4,3/6,7/6), en véritable patron sur
le court, face à un joueur âgé de 10 ans son ainé. Il devient par la même
occasion le premier joueur né au XXIe siècle à remporter un titre ATP, et se propulse
dans le top 40. Boom !
Prévision
2021 : Entrée dans
le top 20 dans le top 15
L’entrée de
Sinner dans le Top 15, au vu de ses récentes performances, est parfaitement
envisageable. Adoubé par ses pairs, coqueluche des fans avec son style de jeu à
mi-chemin entre le Joker et Zverev, il ne tient qu’à lui de réussir cette
année. Son plan de jeu, sans fioriture, classique, et très efficace, à la
manière d’un Kevin de Bruyne, fait l’unanimité. La marge de progression est
présente, notamment au niveau physique. Une touche d’explosivité supplémentaire
dans son jeu d’attaque pourrait également faire très mal à ses futurs
adversaires. Attention tout de même au rythme effréné d’une saison ATP
complète, car il a désormais la possibilité de jouer tous les tournois avec son
nouveau classement, et les jeunes joueurs peuvent avoir tendance à surcharger
leur calendrier, ce qui peut entraîner des blessures, voire une baisse des
résultats. Rendez-vous pris !
BOOM !
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