lundi 25 avril 2011

Gilbert et le triplé maudit

Philippe Gilbert… on parle beaucoup de lui en ce moment, non ? Mais qui est-ce ? Je ne sais pas, un fabricant de ballons de rugby ? Non… Je sais ! Un cycliste français. Non, belge ; enfin, wallon, bien qu’il ait explosé sous la tunique de la Française des Jeux ; il faut suivre. Toujours est-il que Philippe Gilbert vient de remporter les trois courses classiques ardennaises en une semaine, et ça, ça va se savoir.

La performance est énorme, Monday Sport n’exagère pas, car après avoir gagné l’Amstel Gold Race et la Flèche Wallonne la semaine passée, le coureur vient de s’adjuger Liège-Bastogne-Liège pour la première fois, et avec la manière en plus.

En effet, en ce dimanche après-midi et après avoir rejoint puis doublé une échappée de pointures, le trio formé par Gilbert et les célèbres frères Schleck s’élançait furieusement dans la côte de Saint-Nicolas. Sous un grand soleil, dans des rues familières, notre héros du jour va devancer ses alter egos luxembourgeois ; ce qu’on peut considérer comme une revanche de l’édition 2009 où c’est Andy Schleck qui avait coiffé Gilbert au poteau. Philippe devient par cette occasion le premier liégeois à gagner la course depuis trente-trois ans, une raison largement suffisante pour faire couler les litres de Jupiler et faire flotter les drapeaux jaunes, marqués du coq rouge ; Phil vient de réaliser son rêve.

Avant d’en arriver là, le puncheur a pourtant rongé son frein quelques saisons. Passé professionnel pour l’équipe FDJ à 21 ans, il se contentera de faits d’armes mineurs pendant environ cinq saisons, qu’on peut considérer comme une intense période d’apprentissage pour un athlète patient et déterminé qui attirera de plus en plus les regards dès 2008 grâce à des performances de haut-vol.

Ces dernières lui permettront de signer un contrat chez Silence-Lotto, devenue plus tard Omega-Pharma-Lotto. En 2009, il confirmera ses belles performances avec une victoire d’étape au Giro, un podium sur le Tour des Flandres, et déjà une grosse série avec quatre courses gagnées en dix jours : la Coppa Sabatini, Paris-Tours, le Tour de Lombardie et le Tour du Piémont. Cette faste année sera récompensée par le titre de sportif belge de l’année.

Depuis, Philippe fait de plus en plus peur à ses concurrents puisque il gagne de plus en plus de titres, ceux-ci étant de plus en plus prestigieux (palmarès consultable sur Wikipédia) il sera même classé numéro un mondial pendant quelques semaines. Pour parler d’avenir, le Wallon souhaite gagner une étape sur le Tour de France 2011 ; lui qui en a déjà remporté sur les tours d’Espagne et d’Italie.

Les amateurs de cyclisme lui souhaitent un avenir radieux dans un sport ou la barrière est très fine entre un coureur propre et un coureur dopé. Malheureusement, on ne peut s’empêcher d’être perplexe tant ceux qui ont réussi de telles performances ont un jour été rattrapés par la patrouille de l’agence mondiale antidopage (Boonen, Contador, Armstrong et autres).

Afin de conclure sur le bel exploit de Gilbert, nous nous demanderons s’il est le premier de l’histoire à réussir une telle performance. La réponse est non, car Davide Rebellin a réalisé le même triplé en 2004… avant d’être contrôlé positif à l’EPO ; il est actuellement suspendu. Tout est dit.

lundi 18 avril 2011

Roger attend l'herbe pour les fumer.

Depuis le début de l'année 2011, c'est 22 victoires pour 4 défaites, un titre au Quatar sur un tournoi ATP 250. Pour le plus grand joueur de tennis de l'histoire du monde, c'est léger. Roger ne gagne plus, Roger ne fait plus peur, pire: Roger paraît démotivé.

Après chaque défaite, le même refrain "c'est positif, je me sens de mieux en mieux, mon tennis revient, j'ai de meilleures sensations, c'est bon signe pour la suite". Un discours qui ressemble plus à un jeune espoir qu'un à un ex numéro un mondial. Du coup, les critiques tombent, Roger n'a plus envie de se battre, il ne veut plus s'arracher pour gagner, depuis qu'il est père de famille il est dans la facilité, l'autosatisfaction, il ne se remet pas en question. C'est vrai que le Suisse nous agace, il pourrait tellement nous régaler en s'appliquant un peu plus, en mettant un peu plus de conviction.

Mais le Grand Suisse n'est plus là pour tout gagner, il l'a dit lui même, il veut prendre du plaisir, le vrai, pas celui que l'on retrouve dans la bouche de tous les joueurs et joueuses de tennis avant chaque gros match et qui ne veut rien dire. Alors oui, il va falloir s'y faire, Roger ne gagnera plus plusieurs Grand Chelems par an. Au lieu de ça, et il l'a prouvé fin 2010, il va se concentrer sur les évènements majeurs comme le Master. Cette année, il devrait profiter de la terre battue et du soleil Franco-Espagnol pour affiner son jeu et pourquoi pas pour la première fois depuis longtemps passer la deuxième semaine de la quinzaine à visiter notre capitale.

Il n'a qu'un seul objectif cette année, selon nous, celui de reconquérir son titre sa veste à Wimbledon un temps laissée à son meilleur ami-rival Nadal. Et pour cela il lui reste un peu plus de quatre mois pour être au top pendant quinze jours. Ensuite, il pourra voir venir avec les J.O de Londres, une compétition qu'il n'a jamais gagnée et qu'il se verrait bien ajouter à son palmarès.

A bientôt 30 ans, voilà à quoi devrait ressembler la fin de carrière de celui qui nous a tant fait vibrer pendant plus de 10 ans.

lundi 4 avril 2011

Sport, diplomatie et tikka masala.

Ce samedi, sans que l’info ne fasse la une de l’Equipe, l'Inde (277/4) a battu le Sri Lanka (274/6) par 6 wickets et est devenue championne du monde. Enorme ! Devant son public, en plus. Pour vous resituer, l’Australie était dominatrice depuis 1999 (3 titres consécutifs) et ce jusqu’à cette année et la première édition remportée par l’équipe hôtesse, deuxième titre indien de l’histoire (victoire en 1983 en Angleterre).

Cela dit, l’histoire risque de retenir un fait au moins aussi retentissant, le duel en demi-finale contre le Pakistan qui s’est mué en jour de trêve, férié par défaut, entre deux cousins aux relations explosives. Si proche et si loin d’un triste djihad, le hasard d’un tirage au sort a dessiné l’espoir dans une pacifique joute. Ah… le cricket, sport méconnu qui n’aurait pu sortir que d’un cerveau tordu britannique est aujourd’hui un dieu fédérateur dans de lointaines contrées. Prends ça, la bombe atomique !

Plus qu’un effet d’annonce, ce match a rapproché les deux pays (unifiés jusqu’à la partition de 1947) à différents niveaux, que ce soit dans les rues de Londres, de Calcutta, dans les médias et jusqu’aux loges du stade où une brochette historique s’est trouvée à siroter un succulent thé glacé. En effet, le premier ministre indien y a invité son homologue pakistanais ; comme un symbole, ils sont tous deux moustachus originaires du Pendjab, région scindée à l’indépendance.

L’événement fait date. Les deux hommes ne s’étaient pas rencontrés depuis avril 2010. En invitant son homologue pakistanais, le Premier ministre indien a fait un grand pas. C’est la première fois qu’un chef d'Etat indien utilise un match de cricket pour tenter de réchauffer les relations diplomatiques. Pour compléter la rangée, Rahul et Sonia Gandhi, le fils et sa Maman ont fait le déplacement, ils sont les descendants idéologiques et génétiques d’Indira Gandhi et de Nehru, stars du 20ème siècle.

Pour ce qui est du sport en lui-même, une espèce de base-ball du Commonwealth, il reste obscur dans la grande majorité du monde connu. Pourtant, il est ludique à suivre et pas aussi compliqué que la manière de compter les points. Brièvement, le but pour les lanceurs est d’éliminer les batteurs de dix façons différentes, les plus communes étant de détruire le guichet (piquets verticaux placés derrière le batteur) ou de capter la balle lancée par le gardien de guichet. Un bon batteur peut faire une centaine de coups, donc de courses, dans un match. Cool.

C'était le cas en finale, pour la première de l'histoire de la Coupe du monde, un joueur auteur de 100 points ou plus (le Sri Lankais Mahela Jayawardene, 103 pts) n'a pas gagné en finale. Le Sri Lanka a d'ailleurs échoué pour la deuxième fois consécutive en finale après s'être incliné en 2007 face à l'Australie. Nul doute que cette victoire sera fêtée dignement pendant longtemps sur le 2e pays le plus peuplé du monde.