lundi 4 avril 2011

Sport, diplomatie et tikka masala.

Ce samedi, sans que l’info ne fasse la une de l’Equipe, l'Inde (277/4) a battu le Sri Lanka (274/6) par 6 wickets et est devenue championne du monde. Enorme ! Devant son public, en plus. Pour vous resituer, l’Australie était dominatrice depuis 1999 (3 titres consécutifs) et ce jusqu’à cette année et la première édition remportée par l’équipe hôtesse, deuxième titre indien de l’histoire (victoire en 1983 en Angleterre).

Cela dit, l’histoire risque de retenir un fait au moins aussi retentissant, le duel en demi-finale contre le Pakistan qui s’est mué en jour de trêve, férié par défaut, entre deux cousins aux relations explosives. Si proche et si loin d’un triste djihad, le hasard d’un tirage au sort a dessiné l’espoir dans une pacifique joute. Ah… le cricket, sport méconnu qui n’aurait pu sortir que d’un cerveau tordu britannique est aujourd’hui un dieu fédérateur dans de lointaines contrées. Prends ça, la bombe atomique !

Plus qu’un effet d’annonce, ce match a rapproché les deux pays (unifiés jusqu’à la partition de 1947) à différents niveaux, que ce soit dans les rues de Londres, de Calcutta, dans les médias et jusqu’aux loges du stade où une brochette historique s’est trouvée à siroter un succulent thé glacé. En effet, le premier ministre indien y a invité son homologue pakistanais ; comme un symbole, ils sont tous deux moustachus originaires du Pendjab, région scindée à l’indépendance.

L’événement fait date. Les deux hommes ne s’étaient pas rencontrés depuis avril 2010. En invitant son homologue pakistanais, le Premier ministre indien a fait un grand pas. C’est la première fois qu’un chef d'Etat indien utilise un match de cricket pour tenter de réchauffer les relations diplomatiques. Pour compléter la rangée, Rahul et Sonia Gandhi, le fils et sa Maman ont fait le déplacement, ils sont les descendants idéologiques et génétiques d’Indira Gandhi et de Nehru, stars du 20ème siècle.

Pour ce qui est du sport en lui-même, une espèce de base-ball du Commonwealth, il reste obscur dans la grande majorité du monde connu. Pourtant, il est ludique à suivre et pas aussi compliqué que la manière de compter les points. Brièvement, le but pour les lanceurs est d’éliminer les batteurs de dix façons différentes, les plus communes étant de détruire le guichet (piquets verticaux placés derrière le batteur) ou de capter la balle lancée par le gardien de guichet. Un bon batteur peut faire une centaine de coups, donc de courses, dans un match. Cool.

C'était le cas en finale, pour la première de l'histoire de la Coupe du monde, un joueur auteur de 100 points ou plus (le Sri Lankais Mahela Jayawardene, 103 pts) n'a pas gagné en finale. Le Sri Lanka a d'ailleurs échoué pour la deuxième fois consécutive en finale après s'être incliné en 2007 face à l'Australie. Nul doute que cette victoire sera fêtée dignement pendant longtemps sur le 2e pays le plus peuplé du monde.

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