lundi 10 novembre 2008

Le jeu de polo, à la recherche d'une nouvelle identité

Le polo, sport atypique s'il en est et encore peu connu en France, se cherche depuis quelques années une nouvelle identité. Nous voulions profiter de la saison 2008-2009 qui vient de se terminer avec le championnat de France à Chantilly pour vous proposer une découverte de ce sport, un des plus vieux du monde, qui mériterait une meilleure exposition.
Si l'on ne peut déterminer avec précision où et quand naquit le jeu de polo, on s'accorde cependant à considérer qu'il apparût il y a quelques 2500 ans, chez les peuples cavaliers des steppes de l'Asie Centrale, entre Chine et Mongolie.

Il est ainsi le premier jeu de balles et de maillet du monde et peut-être, selon certains historiens, le plus ancien des sports d'équipe. Cependant, s'il ne plane aucun doute sur l'origine orientale du polo, c'est en Perse que l'on relève les premières traces de cette activité mi-sportive, mi-guerrière, qui allait traverser plus de deux millénaires pour parvenir jusqu'à nous.
Les Anglais ont découvert ce sport aux Indes et l'ont importé en Europe vers la fin du XIXème siècle puis exporté vers les USA quelques années plus tard.
L'Argentine, prédisposée, a alors accueilli ce sport les bras ouverts, elle qui avait déjà les chevaux, les cavaliers et les plaines pour pleinement profiter des joies qu'il procure. Les Argentins ont depuis lors toujours été les meilleurs de la planète et leurs chevaux, les criollos, dire ''criojos'', peuplent aujourd'hui les terrains du monde entier et offrent à leurs cavaliers leurs extraordinaires qualités, leur vivacité, leur docilité et leur robustesse. Les pur-sang anglais ont ensuite apporté leur vitesse et vous obtenez ce qui se fait de mieux pour le jeu de polo : un père anglais et une mère argentine.
En France, le premier match se joue à Dieppe : une équipe française, emmenée par le duc de Guiche, rencontre une formation britannique. Nous sommes en 1880. L'épopée du polo français vient de commencer.

Entre combat et finesse, ce sport est surtout l'occasion de voir à l'oeuvre un couple homme-cheval qui se doit de ne faire qu'un pour mieux maîtriser la course de la balle sur un terrain grand comme 6 terrains de football (260x180m) et où les changements de rythme et de trajectoire sont constamment recherchés.
Entendre le martèlement des sabots des chevaux sur une pelouse qui ferait pâlir d'envie des crampons de joueurs de football, regarder la beauté du swing des joueurs frappant dans une balle de la taille d'une balle de tennis à une vitesse avoisinant les 50km, sentir la sueur des chevaux et le ronflement de leurs naseaux d'où s'échappe un souffle chaud...
Ce mélange de sons, de couleurs, de mouvements et de passion fait la magie du polo, de cette union dans l'effort et le combat entre un homme et un cheval.
Longtemps considéré comme inaccessible pour la plupart, le polo entre depuis quelques années dans une nouvelle phase, l'ouverture.

Sport essentiellement amateur, les équipes de polo ont longtemps eu besoin d'un apport financier, en général par le capitaine de l'équipe, pour exister. Depuis quelques années, les organisateurs ont cherché à rendre l'esprit du polo plus collectif et à s'appuyer sur une nouvelle génération de joueurs, plus désireux de jouer entre amis que d'être ''propriétaires'' d'une équipe. Les moyens financiers ne sont plus les mêmes et les joueurs cherchent donc aujourd'hui un club qui leur permettra d'accueillir quelques 500 chevaux au plus fort de la saison (mai, juin, juillet) ainsi que beaucoup d'espace pour s'entrainer, progresser et jouer ensemble.
Le Polo Club du Domaine de Chantilly a en effet été créé pour proposer des infrastructures uniques en Europe (9 terrains opérationnels en permanence pendant la saison) en 1997. Progressivement la taille des installations a permis à ces nouveaux joueurs de se lancer dans l'aventure. Le polo à poney a également été créé pour susciter des vocations et proposer aux petits clubs une nouvelle activité ludique et abordable pour les jeunes cavaliers, diffusant ainsi la pratique du polo sur tout le territoire français.
Le polo s'est également ouvert depuis quelques années au réseau des universités en proposant de nouvelles règles et en rendant ce sport plus accessible à des bourses plus modestes. L'esprit collectif s'affirme totalement au sein de ces équipes d'anciens étudiants qui se retrouvent quelques années après avoir ciré les mêmes bancs.
Enfin, on ne pouvait conclure sans préciser que beaucoup de jeunes joueurs ont pu se lancer dans l'aventure grâce au soutien de certains capitaines d'équipes désireux d'investir pour l'avenir et bénéficier de la fougue d'une jeunesse, riche en talent, mais moins gourmande que les Argentins professionnels. De même, quelques joueurs sont issus de la grande diversité des personnes qui gravitent autour de ces chevaux, entraineurs, soigneurs ou garçons d'écurie, qui ont beaucoup de temps pour s'entrainer et proposer également aux propriétaires leur coup de maillets rapide et audacieux. Qu'on se le dise, le polo se démocratise ! Les élites françaises n'ont plus la primeur, au plus grand bonheur des spectateurs et des cavaliers qui découvrent par hasard ce sport sans plus jamais vouloir le quitter.
Comment en effet, après avoir goûté au plaisir de la chevauchée après la balle avec 7 autres fougueux cavaliers lancés à sa poursuite, renoncer à ce qui reste un sport et une relation unique entre un cavalier et sa monture.

N'hésitez pas découvrir la folie des hommes alliée à celle des chevaux unis dans une frénésie excitante et spectaculaire, le jeu de la balle à cheval, une véritable bataille que se livrent hommes et bêtes, à la poursuite d'une grande aventure, d'un rêve de bataille initiée par les guerriers mongols, afghans ou pakistanais à travers les steppes d'Asie Centrale.

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