lundi 16 février 2009

Vivre et laisser mourir

Après deux ans de disette, Amélie Mauresmo vient de gagner l’Open Gaz de France et nous la félicitons. La féliciter ? Mais comment osons nous faire ça ? Elle nous a trahis ! Elle n’a jamais gagné Rolland Garros et elle a même pensé à tout arrêter… Elle avait juste besoin qu’on la laisse vivre un peu, dans un pays ou la constance et l’ambition sont de bon ton.

Selon un schéma assez classique, le talent d’Amélie a explosé assez tôt, faisant d’elle une championne du monde junior à 16 ans et une finaliste à l’Open d’Australie a 19 ans. Ses qualités physiques lui permettent de devenir une des meilleures joueuses du circuit malgré quelques blessures handicapantes et un manque de confiance mis sur le compte de la jeunesse.

Mauresmo atteint les sommets du tennis féminin fin 2004, atteignant la place de numéro 1 au circuit WTA. Superbe performance, contrastée par la virginité de son palmarès en Grand Chelem à cause d’un manque de réussite dans les matchs importants. Elle devra, en effet, attendre l’âge de 27 ans (2006) pour gagner son premier tournoi majeur, en Australie ; cette même saison marquera aussi sa dernière victoire en Grand Chelem, à Wimbledon…

Reconnue comme une des meilleures tenniswoman mondiales, elle est appréciée du public français qui, naturellement, attend d’elle plus de titres, et pourquoi pas un à Paris, à Rolland Garros, comme Mary Pierce. En réponse à ces expectatives, les média anticipent, dans d’annuels pronostics, un sacre fantasmatique.

Et Amélie va s’y perdre… elle qui voulait juste jouer, le mieux qu’elle pouvait, sans la pression d’un plan de carrière. Le jeu des promesses et des objectifs ne lui conviendra jamais, puisque les trois premiers tours des Internationaux de France la voient systématiquement se démobiliser, face à des adversaires plus faibles sur le papier, mais plus intelligentes et plus concentrées. A trop jouer par procuration, elle ne prend plus de plaisir à faire ce qu’elle faisait le mieux, et ce qu’elle appréciait le plus, au tennis club de Méru.

A l’instar d’une nageuse célèbre, Mauresmo n’a plus envie de jouer, elle arête de s’entrainer, veut prendre sa retraite, change d’avis, retrouve l’envie, change de coach… Nous sommes en 2009, Amélie Mauresmo a 29 ans et comme on ne l’attendait plus, comme les projecteurs ont arrêté de l’aveugler… elle a renoué avec la victoire et les larmes de joies, ce dimanche 15 Février, à Coubertin.

En plus, les deux dernières sorties de la joueuse face à Jankovic et Dementieva ont été très convaincantes, quelques jours après qu’elle se soit effondrée en Fed Cup face à Pennetta. Sa carrière a été ponctuée de cette irrégularité et ce mental flanchant dans certaines grandes occasions. Cependant, elle a gagné en sagesse, en expérience et déclare a nouveau que cette saison sera peut-être sa dernière ; pour ne pas la laisser mourir, laissons-la jouer, et elle sera brillante.

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