lundi 21 mars 2011

Udine à l'aise !

Entre les pattes monumentales de quelques dinosaures se partageant périodiquement le championnat d’élite du football italien, l’édition 2010-11 a vu éclore une équipe fraîche, au sceau familier mais ne l’ayant pourtant jamais remporté. Non, ce n’est pas vers le stade San Paolo de Naples (deux titres à la fin des années 80) que votre regard devrait se tourner mais vers le club tremplin des Oliver Bierhoff, Nestor Sensini, Thomas Helveg, Vincenzo Iaquinta ou autres.

Udinese n’a pas gagné de titre de Série A malgré sa longue histoire ; quelques dynasties concurrentes s’étant accaparé la plupart des trophées. Au lendemain d’une saison 2009-10 triste (quinzième place) le patriarche Giampaolo Pozzo engage Francesco Guidolin, coach énigmatique et bourlingueur (déjà passé à Udine puis Monaco et Palerme entre autres) pour renouer avec un jeu séduisant et des résultats honorables.

La mission démarra… très mal puisque le club se trouvait bon dernier avec environ zéro points au compteur après quatre journées de championnat, télévisées en plus. Le club zébré n’a pourtant pas cherché à remplacer l’entraîneur ; Pozzo et son frère, à la tête du club depuis vingt-cinq ans, ont pour habitude de laisser le temps à leurs architectes de bâtir un collectif solide. Ces valeurs de travail et d’équilibre avaient déjà trouvé refuge dans cette ambassade du football qui a vu la génération de Zaccheroni 1995-98 élaborer un 3-5-2 exemplaire et avaient bénéficié au sport et à ses acteurs.

Entre les boulettes monumentales de quelques pontes mafieux, le club frioulan a réussi à se construire un effectif qui tient la route et techniquement capable d’appliquer un jeu magnifique. Alors que j’écris ces lignes, le chianti coule à flots Udinese est en train de gagner son quatrième match de championnat de suite. Quatre correspond également à son classement actuel.

Loin du conservatisme moribond d’un football italien à la compétitivité en recul mais quelques mètres devant Medhi Benatia, s’amusent deux virtuoses, Antonio Di Natale, qui compte bien conserver son titre de capocannionere (25 buts cette saison), ainsi que le phénomène chilien Alexis Sanchez (12 buts). Gokhan Inler et Kwadwo Asamoah pour ne citer qu’eux, sont d’autres exemples d’un recrutement de jeunes talents à former puis à faire briller avant de les voir partir vers des clubs plus riches, laissant derrière-eux une plus-value enthousiasmante. Va bene !

Par ailleurs, les coupes d’Europe ne sont pas là pour nous rassurer quant à la santé des grandes équipes italiennes. Effectivement, le but de Pandev qui a sauvé l’Inter d’une douche bavaroise a évité au football transalpin d’être entièrement mis au ban des compétitions continentales, mais faut-il rappeler qu’il s’agit du club internazionale qui a survécu ? Les baromètres sont formels ; la qualité de jeu de Série A est en baisse, les stades moins pleins et les audiences suivent. Il serait plat, tel une pizza, de s’en plaindre et de fulminer contre un monde trop à la somme de quelques fumeurs de cigares dont les intérêts divergent souvent de ceux de l’art du ballon rond. Mais tant que certains propriétaires de clubs, suffisamment esthètes et fantaisistes, œuvrent en faveur du beau jeu, de la croissance dans la continuité et de la santé financière, j’écrirai dans un blog qu’on appelle Monday Sport.

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