lundi 22 décembre 2008

Le CNOSF, victime ou imposteur ?

Il y a un an déjà, une émission de télévision diffusée sur une chaine publique révélait les pratiques douteuses de certains groupes industriels agroalimentaires français (Envoyé Spécial le 13 novembre 2007). L'objet du délit ? L'utilisation d'ingrédients dont l'impact sur le métabolisme a été dénoncé par une enquête de l'Agence Française de Sécurité Sanitaire Alimentaire (AFSSA) publiée en avril 2005. Les acides gras trans sont en effet aujourd'hui utilisés, entre autres, pour réduire les coûts de fabrication des produits de panification industrielle, viennoiseries industrielles et biscuits ainsi que pour améliorer la stabilité des margarines utilisées pour leur élaboration.

Or, un des produits qui en contient le plus sur le marché est fabriqué et distribué par un groupe qui est également un des principaux partenaires du CNOSF (fournisseur officiel en réalité) depuis de nombreuses années. Dans le cadre de ce partenariat, des opérations de communication ont été lancées sur les chaines de télévision au travers de spots publicitaires dans lesquels on pouvait voir David Douillet conseiller à un enfant de manger ce produit parcequ' "il est bon"...

Les fortes valeurs véhiculées par le sport français et représentées par une icône du sport français sont donc associées à un produit dont la consommation régulière augmente les taux sanguins de LDL (" mauvais cholestérol ") tout en abaissant les taux de HDL (" bon cholestérol "). En clair, consommer de façon régulière ce produit augmente significativement le risque de souffrir de troubles cardiovasculaires. Curieuse association s'il en est ! Promouvoir le sport et la santé des français en y associant un produit reconnu comme dangereux pour la santé est un acte malveillant qui joue sur la crédulité du grand public. Cette pratique honteuse ne devrait pas exister au sein d'un organisme officiel dont on peut attendre des informations qui ne nuisent pas à nos conditions de vie.

Il faut bien se rendre compte que les effets de ce produit sont tels que même le groupe McDonald's a décidé, sans y être contraint, d'arrêter d'utiliser en Europe ces huiles hydrogénés dans ses huiles de fritures ! La peur que son image de marque soit affaiblie par une éventuelle dénonciation, voire une action en justice (comme ce fût le cas aux États-Unis) a eu raison de la logique financière de ce groupe, présent dans le monde entier. Visiblement, le CNOSF n'a pas lu le rapport de l'AFSSA.

Depuis un an, qu'est-il advenu de ce partenariat ? Rien. Le gouvernement n'a pas bougé, l'information n'a pas circulé, à peine quelques forums abordent ce sujet sur la toile. Les groupes industriels peuvent donc continuer à utiliser impunément ces ingrédients sans qu'on vienne leur demander des comptes sur leur contribution à la détérioration de l'hygiène et la santé des consommateurs.

Il convient de se poser les bonnes questions et de constater qu'une fois de plus, les industriels et les organismes publics (le CNOSF est financé par les collectivités locales et l'État français à hauteur de 11 milliards d'euros sur 27 en 2003) se soucient guère de la santé des consommateurs pourvu qu'ils payent (14 milliards d'euros en 2003). La désinformation impacte directement, comme d'habitude, le grand public qui n'a pas forcément les moyens de consulter le rapport lourd et complexe de l'AFSSA et ne peut se reposer que sur le passé et l'image d'une des personnalités préférées des Français. Vous me direz, si David Douillet le dit, c'est que ça doit être vrai...

Les plus grands consommateurs (garçons de la tranche d'âge 12-14 ans) de matières grasses en France absorbent près de 8 g/jour d'acide gras trans, et dépassent le seuil de 2% des AET (apport énergétique total). Cela représente presque autant que la moyenne des habitants de l'Amérique du Nord.
L'agence recommande de considérer la valeur de 2% de l'apport énergétique total comme un niveau de consommation à ne pas dépasser. (sources, afssa.fr)

Vérifiez sur les produits que vous achetez dans vos magasins habituels, la mention "huiles hydrogénées" ou "partiellement hydrogénées" figure dans la liste des ingrédients de beaucoup de produits. L'AFSSA est formelle, la conclusion de son rapport de 221 pages est la suivante : "La limite en acides gras trans devrait être fixée à 1 g/100 g de produit sous sa forme consommée". (sources, afssa.fr)

Ce problème ne concerne bien évidemment pas que le CNOSF et constitue un véritable problème de société que seule une prise de conscience individuelle et collective pourra résoudre. Il est cependant regrettable et fortement dommageable que les personnes et organismes auxquels nous serions tentés de faire confiance nous mènent par le rêve et la tromperie parce que nous n'avons pas les moyens de nous défendre convenablement. Ce petit rappel n'est donc pas inutile bien que si France2 et son "Envoyé Spécial" n'a pas réussi à faire bouger les choses, nous pouvons raisonnablement penser que rien ne bougera non plus suite à la publication de cet article sur internet. Au moins aurons-nous eu le mérite de poursuivre la communication autour de ce thème qui touche chacun de nous. A nous de jouer, boycottons les acides gras trans !

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