lundi 6 juin 2011

L’étoffe des héros (34)

Page rugby : Montpellier a failli faire le coup de l’année ! On y a cru après le grand essai de Timoci Nagusa, mais face à l’effectif sans fin du Stade Toulousain, le meilleur que Guy Novès ait eu à coacher, ils ont perdu (15-10).

Beaucoup ne s’attendaient pas à un tel score avec deux équipes ‘offensives’ sur le terrain, mais l’apanage des finales de Top 14 est de souvent nous surprendre. Les rouge et noir ont d’ailleurs réussi à gagner malgré un faible David Skrela et son pitoyable 3/8 au pied mais il fût bien suppléé par Bezy, 21 ans. Le passage de témoin est maintenant officiellement effectué alors que Skrela disputait son dernier match avant de se déclarer « impuissant, au fond du seau ». Coïncidence ? Les buteurs ont toujours du mal face au MHR avec 52% de réussite depuis le début des phases finales.

Le club héraultais, cela dit, peut se sentir gagnant tant le projet cohérant sur lequel ils ont travaillé ces dernières années a été récompensé par le parcours 2011. Avant d’échouer face au mastodonte toulousain, ils ont successivement éliminé Castres, Toulon et le Metro-Racing, avec le sourire en plus. Si cet avènement des montpelliérains est une surprise, c’est surtout que les finalistes sont souvent des habitués : des quinze derniers titres, seuls deux ont échappé au trio infernal : Biarritz, Toulouse, Stade Français, et ils leur ont échappé aux dépens de Perpignan et Clermont qui ne sont pas les premiers venus. Mais la ville de Georges Frêche a une saveur particulière et le projet sportif monté autour de ses jeunes talents s’est montré plus efficace que celui de l’arrogance médiatique et des mercenaires estampillés Toulon ou Racing.

Au lendemain de cette finale, la question de l’avenir du MHR se pose quand même. En 2002, suite à une finale de top 16 perdue dans les dernières secondes, le S.U. Agen avait réalisé une très belle saison… mais n’est pas retourné en finale depuis, avec des hauts et des bas au niveau financier, ce qui n’a pas aidé les résultats. Les joueurs héraultais eux-mêmes, sont d’une lucidité déroutante ; après le match, Ouedraogo est conscient que son équipé a réalisé une grande saison et n’est pas sûr de pouvoir en vivre une aussi belle de sitôt. Fulgence s’est pourtant montré héroïque, la main cassée, il savait que les siens n’auraient pas montré le même visage sans leur capitaine et a décidé de jouer le match. François Trinh-Duc, lui parle de "souvenirs, d'amitié, de joie partagée avec le public" mais aussi de "travail et d'expérience" Ils ont, bien sûr, fait preuve d’un grand courage sur la pelouse, mais ce cœur, qualité typique des joueurs héraultais et aussi celui qui leur a fait défaut, après avoir fait trop de fautes (8 pénalités pour Toulouse dont sept bien placées), surtout en deuxième mi-temps, ils ont craqué dans les dix dernières minutes, celles qui ont vu les haut-garonnais passer devant. Sans discipline, vaincre Toulouse relève de la science-fiction.

Personnellement, il nous tarde de revoir Trinh-Duc et ‘Fufu’ Ouedraogo (après la Coupe du monde) faire le show avec Gorgodze, Julien Tomas et autre Paillaugue. On attend maintenant d'eux qu'ils titillent les grosses cylindrées du championnat afin bientôt d'en devenir partie intégrante. Bien que Louis Picamoles soit passé côté Toulousain, c’est ce même groupe, jeune et travailleur qui a justifié tout le bien qu’on pensait d’elle. Cette année, avec Fabien Galthié au guidon, ils se sont donné les moyens de la réussite sportive : « Un an qu’on en chie, on avait repris l’entraînement avant que la finale soit jouée l’année dernière, Un an qu’on se lève à 7h30 » selon Benoît Paillaugue. Espérons que cette motivation ne s’effrite pas.

D’autre part, Toulouse, champion éternel, va peut-être voir partir son coach et en saura plus dans les semaines à venir. Quoiqu’il advienne, une page se tourne au sein de ce club historique, Skrela part à Clermont, Heymans à l’Aviron, Virgile Lacombe à Brive, Lecouls à La Rochelle, Kelleher au Stade Français ( ?) et Michalak retourne aux Sharks… ces départs conjugués s’ajoutent à celui du numéro 3 du club, Claude Hélias. Le feu d’artifice du Stade de France a sûrement eu une saveur encore plus particulière pour ceux-ci mais le vide qu’ils vont laisser n’inquiète pas quant à l’avenir du club. Bien sûr que non, le Stade a fondé ses succès sur cet équilibre parfait de formation et de transferts bien sentis. Les places laissées libres ne pourront qu’être bénéfiques aux futurs grands que nous avons pu apercevoir tout au long de cette saison (campagne européenne inclue) Bezy, Doussain ou encore le neveu de Johnston, Falefa.

Bravo à Toulouse, champion de France et rendez-vous le 26 août pour la prochaine édition.

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