vendredi 1 juillet 2011

L'argentine en eaux troubles

"A glorious history, a rich culture, a production line of exciting players... South American football is endlessly fascinating." Tim Vickery dit le "Legendinho"


La Copa America commence aujourd’hui et le monde entier a les yeux rivés sur L’Argentine.
Pourtant, c’est dans une toute relative sérénité que se prépare cette coupe ; la descente de River Plate est un bon exemple des problèmes auxquels doit faire face l’Argentine.
River Plate est, comme les autres gros clubs argentins - Boca Junior (son principal adversaire),Independiente,Argentinos Junior et Newell’s - dans une période difficile . La saison Argentine, pour les matchs se déroulant en Argentine, est divisée en deux tournois :  l’Apertura (de juillet à décembre) et le Clausura (de janvier à mai). Pour que River descende, les dirigeants de L’AFA (Association de Football Argentine) de l’omnipotent Julio Grodona (son président depuis une trentaine d’année) ont décidé de calculer, en fonction des trois dernières saisons, les deux clubs qui descendent directement et les deux jouant un barrage sur un match aller-retour ; en cas d'égalité, ils seront départagés à la faveur du goalaverage. Malgré son clausura en progression par rapport a celui de l’année précédente (River était aux portes de la Copa Sudamericana.) River dut affronter en deux matchs son rival Belgrano issu du Nacional B (la deuxième division). River fut balayé à l’extérieur dans la première manche 2-0. Plus grave, certains de ses supporters envahirent le terrain pour insulter les joueurs. Le retour fut un triste jour pour le Football ; menant 1-0 à l’issue de la première mi temps, Belgrano réussit à égaliser et plongea le Monumental dans la furie qui caractérise les rapports entre les pays latins (et d'autres) et le Football.
De nombreux joueurs adverses furent bombardés d’objets divers. Ne pouvant pas rentrer au vestiaire,  le service d’ordre créa un périmètre de sécurité où les joueurs durent patienter, entourés de centaines de membres de la sécurité. On apprit ensuite que des membres de barrabravas (hooligans) avaient, avec la complicité de dirigeants, pénétré dans le vestiaire de l’arbitre pour le menacer de mort, ce qui pose le problème des relations ambigues entre les supporteurs, les clubs et les politiques. Le lendemain, le président des Millionarios, Daniel Passarella, vit sa protection renforcée. Malgré ces mesures, la maison d’un dirigeant  reçut un cocktail Molotov. River s’expose a des sanctions lourdes ; on parle de 20 matchs de suspension et d’un retrait éventuel de points en Nacional B.
Le Football Argentin est une véritable religion même si l’essentiel des clubs sont concentrés à Buenos Aires. Malgré les nombreuses opérations sur les marchés des transferts, le football Argentin connaît des difficultés économiques. Nombre de joueurs appartiennent à deux clubs qui partagent les droits. Parfois, le joueur "appartient"  à des hommes d’affaires qui  investissent comme on investirait en bourse (menant souvent à des choix de carrière hasardeux). L’exemple de joueur appartenant à des businessmen est celui de Carlos Tevez qui appartenait a MSI. Heureusement que l’Etat finance les droits télés qui sont retransmis gratuitement sur les chaines publics. Suite à la descente de River, la télévision publique a annoncé que désormais les matchs de Nacional B seront diffusés en clair.
Ces problèmes ne sont pas seulement propres à L’Argentine mais concernent à des degrés divers le continent Sud Américain.
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L’édition de la 43ème Copa América commence ce soir avec l’affrontement du pays hôte  L’Argentine contre la Bolivie ( à suivre sur Canal Plus à 02h50).

Pendant trois semaines vont s’affronter dix nations Sud-américaines ainsi que deux invités de la zone Concacaf : Le Mexique - habitué de l’épreuve - et le Costa Rica .
Après de nombreuses tergiversations,  le Japon a décidé de renoncer à la Copa America en raison des graves catastrophes écologiques subies par son pays. L’Espagne fut pressentie pour remplacer le Japon,  mais c’est le Costa Rica qui fut choisi sur le fil. On regrettera que la Roja ne participe pas à cette compétition.

Au palmarès de l’épreuve et selon les Chiffres de la Chronica de Mexico, on retiendra :
- que les deux premiers finalistes, à savoir : L’Argentine (Albiceste) et l’Uruguay (la Celeste) ont tous les deux remporté l’épreuve quatorze fois,
- contre huit fois pour la séléçao,
- deux fois pour le Paraguay et le Pérou
- une fois pour la Colombie et la Bolivie.
Cette compétition se déroule tous  les quatre ans en principe. Toutefois, il a pu arriver qu'elle ait été disputée tous les deux ans voire tous les ans. Elle se divise en trois groupes :
- dans le groupe A, l’Argentine apparaît comme l’épouvantail du groupe. La sélection de Sergio Batista - qui prit la relève de Maradona suite au sanglant 4-0 infligé par l’Allemagne - est en chantier.
L’Argentine court désespérément après un titre, le dernier ayant été obtenu en 1993 face au Mexique.
Voulant mettre Messi dans les meilleures conditions, celui-ci n'ayant pas toujours brillé avec la sélection, Batista a annoncé un jeu à la Barcelonaise. Le schéma tactique est le même : on s’oriente vers un 4-3-3 avec Andujar dans les buts. Une défense à quatre est prévue, composée de Zanetti, Burdisso, Milito et Rojo. Certes, une défense d’expérience mais manquant peut être de vivacité mais comptant  sur un milieu de terrain de grande qualité (défensive et offensive) avec Cambiasso, Maschérano, Banega et devant le trio : Téves, Lavezzi, Messi. Ce dernier, jouant comme cette dernière saison au poste d’attaquant de pointe, est un électron libre.
Batista compte surtout sur Lavezzi (le préféré de Messi pour reprendre les propos de Gaby Ruiz) et sur Tévez pour faire des appels en pointe.
Au milieu de terrain et en attaque peuvent venir des remplaçants: Pastore, D.Milito, Kun Aguero, di Maria ou Higuain.
Ce soir, l’Argentine affronte la Bolivie qui l’avait étrillée  6-1 à La Paz, marquant l'avènement de la fin de Diego Maradona.
La plupart des joueurs Boliviens évoluent en Bolivie. An nombre des joueurs les plus connus de la Bolivie, ont peut citer : Marcelo Moreno (joueur du Schaktar donesk ) et Rojas (militant à Aval au Portugal).
La Colombie - qui fut le plus grand championnat Sud Américain au début des années 50 (transfert de Di Stefano,de River a Millionarios) est un bel outsider de cette compétition. En effet, elle dispose de joueurs défensifs comme le latéral gauche Armero (Udinese ancien de Palmeiras) ; du latéral droit Zuniga de Naples ; de Mosquera (América) ; de Perea (Athlético Madrid) ; de Yepes (Milan AC). Le meilleur milieu de terrain est sans doute Guarin (ancien Stéphanois) ;  il sera accompagné de Soto (Mayence). L’incontournable star est attaquant, il s’agit de Falcao, le joueur de Porto, meilleur buteur de l’Europa ligue et courtisé par les plus grand Européen. Il sera épaulé par l’excellent Rodallega de Wigan et de Gùttierrez.
Récent quart-de-finaliste de la Gold Cup, le Costa Rica qui est dirigé par le Mexicain La Volpe, sera amputé de nombreux joueurs ayant disputé le tournoi en quart de finale. Par ailleurs, il sera privé de son joueur vedette en la personne de Bryan Ruiz. Il semble condamné a jouer les victimes expiatoires.         
La suite :
- dans le groupe B, le Brésil est sans doute soumis à une pression moindre que celle qui pèse sur l’Argentine.
En effet, Mario Menezes, sélectionneur de l'équipe, est surtout attendu pour la Coupe du monde qui aura lieu au Brésil en 2014, soit 64 ans après la tragique défaite de l'équipe sur son sol , dans un match qui l'opposait à l’Uruguay en finale.
La Seleçao fait rêver notamment par son potentiel offensif .
Menezes sera enclin à faire jouer la jeune perle Neymar (récent vainqueur de la Libertadores avec le club de Santos). Il dispose également de joueurs tels que Pato, Ganso et Robinho (meilleur buteur du tournoi précédent ; il a marqué tous les buts du Brésil en poule).
Derrière, les deux postes de milieu de terrain semblent promis à Ramires (Chelsea) et Lucas Leiva quand bien même Sandro et Jadson feraient le forcing. La défense est solide avec Alves et le latéral droit Maicon ou encore le latéral gauche, Andre Santos. Dans l’axe, le sélectionneur pourra opter entre les jeunes : David Luiz (Chelsea), Tiago Silva (Milan A.C) et l’expérimenté, Lucio.
Le Paraguay sera l’outsider pour finir le premier de ce groupe. En toute hypothèse, les deux premiers sont qualifiés avec les deux meilleurs troisièmes.
Le Paraguay, quart de finaliste de la dernière coupe du monde, est conduit par Géraldo Bravero. Aux dires de Jonathan Wilson, le Paraguay devrais jouer en 4-3-2-1 pour alimenter de bons ballons l’une des révélations de cette saison en Europe : Lucas Barrios. S'y adjoignent des joueurs confirmés comme les milieux Riveros (Sunderland), Ortigoza (San Lorenzo), Baretto (Atlanta) et les défenseurs Alvarez qui occupe une place de latéral gauche ou Véron (latéral droit) et les défenseurs centraux Caceres et Da Silva.
L’Equateur devra se battre contre ces deux nations. Sur le papier, elle présente une équipe plus faible, avec comme figure de proue le titulaire de Manchester, Valencia. Il sera accompagné de Caucedo de Lévante en attaque.
Pour les Européens, Noboa du Rubin Kazan est important dans son club tout comme Walter Ayovi des Rayados de Monterrey (Mexique)
Quand à la Vinotinto du Venezuela, tout donne à penser qu'elle a peu de chance de se qualifier malgré une presse sportive d’une grande qualité (on ne peut pas en dire autant de son régime....).
Quant au groupe C, il est manifestement le plus relevé.
Le récent demi-finaliste du mondial, l’Uruguay, qui remporta la coupe du monde en 1930 et en 1950, eut sans doute dans les années 20, l’une des plus belles équipes de tous les temps.
L’Uruguay évoluera avec devant le matador Cavani de Naples, Luis Suarez et Diego Forlan  avec le prometteur Nicolas Lodeiro de l’Ajax d’Amsterdam qui, on peut le déplorer, disposa de peu de temps de jeu à l'Ajax. Il sera associé à l’ancien Monégasque Perez et à Arevelano. En défense Godin, Lunago, Pereira et Muslera sont toujours là.
Les Mexicains appelés le Tri arrivent avec une victoire acquise en Gold Cup au détriment des Etats-Unis. Cependant, le Mexique va de scandale en scandale. Après l’annonce de dopage de cinq joueurs pendant la compétition au clobuthérol, confirmation a été apportée par Sepp Blatter qui affirma même à ESPN que le liste était encore plus longue. Ce seront ensuite huit joueurs qui seront suspendus, au nombre desquels figurent Jonathan Dos Santos (le frère cadet de Giovanni qui joue au Barca), pour avoir fait venir des prostituées à leur hôtel. Vient s’ajouter à ces mésaventures l’absence du joueur emblématique Raphael Marquez et celle du prodige Javier Hernandez.
Les Chiliens sont sans doute des outsiders  sérieux de la compétition avec de nombreux joueurs de qualité comme les attaquants Suazo et Alexis Sanchez (une attraction de cette compétition....).
Le Chili a cependant perdu son entraineur charismatique Bielsa, appelé (El loco ) en raison de sa passion pour le football. Borghi - le nouvelle entraineur - affirme même avec le franc parler qui le caractérise que Bielsa avait laissé plus de veuves que la seconde guerre mondiale .Tous les postes sont couverts avec des milieux comme Medel (F.C Séville),Vidal (Leverkusen), Estrada (Montpellier) et Jean Beausejour (ancien joueur de l’América),  Matias Fernandez (Villaréal), l’ancien Interiste Jimenez et Carmona de la Régina; notons aussi la blessure de Valdivia (Palmeiras) qui risque malgré tout de jouer. En défense, Borgi pourra compter sur Isla (Udinese), Jara (W.B.A) et Ponce (Cruz Azul).
Le Pérou, une excellente équipe dans les années 70 est amenée par l’ex-Spurs Ardiles.
Le Pérou est gravement handicapé par l’absence de Farfan et du grand Pizzaro et la blessure de Vargas.

Si vous voulez voir comment la jeune garde brésilienne défend le titre acquis en 2007, comment  la grinta argentine peut éclipser ses maux actuels, ou tout simplement découvrir les futures étoiles latines, seules les trois semaines à venir pourront vous rassasier. On va se régaler. 

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